Kazbegi, au pied du mont Kazbek

Le matin, on se retrouve tous a la gare routiere pour rejoindre Kazbegi. Finalement, plutot que prendre une marshrukta (minibus), on reussit a negocier un taxi a 5, le prix est plus interessant. On est donc entasse a 4 derriere dans une vieille Volga (les voitures russes) et la route defile. On demande au chauffeur de s'arreter en cours de route aupres d'un beau monastere, Ananuri, et nous prenons quelques photos.

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Puis nous reprenons notre route et entamons la montee du col. L'herbe laisse sa place a une hauteur impressionnante de neige et le goudron finit par disparaitre au profit de la terre et des gravillons. Cette route s'appelle l'autoroute militaire et a ete faite par les russes pour relier la Georgie et la Russie. Elle longe tout le long l'Ossetie du Sud qui est a l'origine de la guerre en Aout entre ces 2 pays. Nous nous arretons de temps en temps pour remettre un peu d'eau dans le radiateur, mais tout se passe sans encombre, le chauffeur connaissant bien la route et ses pieges!

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Apres 2 heures de traversee cahoteuse, nous atteignons enfin le village ou nous resterons 2 nuits. Nous monterons dans un premier temps a l'eglise Gergeti. Nous sommes au pied du grand Caucase avec des monts atteignant les 5000 metres (5047m pour le mont Kazbek), c'est majestueux! Puis nous deciderons de monter plus haut et atteindre le glacier. Apres quelques minutes de marche, nous affronterons une premiere tempete de neige qui durera heureusement 10 minutes puis nous continuerons notre expedition pendant quelques heures. Arrives assez haut, une autre tempete beaucoup plus violente nous fera rebrousser chemin, nos traces disparaissant relativement rapidement. En tous cas, c'etait une superbe randonnee!

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Dans la maison d'hote ou nous sommes, nous croisons 3 israeliens, un couple et un voyageur solitaire, Uri. Le soir, nous nous baladerons dans la petite ville de Kazbegi, ou les animaux, vaches, chiens, cochons vadrouillent paisiblement.

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Pour le retour, vu que nous sommes un groupe de 8 maintenant (nous et les 3 israeliens), nous reussissons a louer un minibus pour revenir. La route du retour se passe sans souci meme si la neige est toujours la. Nous nous arretons dans la ville de Mskheta (prononcer msreta) connue pour ses eglises. Chose surprenante pour nous, plusieurs evenements ont lieu en meme temps : bapteme, mariage, chacun dans un coin de l'eglise.

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Le soir de notre retour, Annelie nous invite tous chez elle. Chacun y va de son coup de main, nous passons une bonne soiree puis nous finissons par un tour de la ville de nuit, vraiment superbe, j'adore Tbilissi!

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Mestia, capitale de la Svanetie

Deux jours apres etre rentres a Tbilissi, Jose et moi preparons notre prochaine expedition : la Svanetie. Uri, l'israelien rencontre quelques jours plus tot a Kazbegi se joint a nous. La Svanetie est considere comme la région habitée la plus élevée d'Europe mais c'est aussi un endroit tres recule, coince entre l'Abkhazie, l'Ossetie du sud et la Russie. C'est a dire, des endroits ou les relations sont assez tendues, cf la guerre entre la Georgie et la Russie en aout dernier. Cette region est tellement difficile d'acces qu'en fait, elle n'a pas trop subi le joug de l'URSS et continue toujours a vivre a son rythme. Pour arriver a Mestia, la capitale, nous prenons un train de nuit jusqu'a Zugdidi (10 heures de train) puis nous enchainons avec une marshrutka sur une route qui varie du bitume a la terre suivant l'humeur et la motivation des personnes responsables de l'entretien des routes.

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Apres 6 heures de trajet en marshrutka, nous arrivons enfin a Mestia. Nous posons nos sacs dans une maison d'hote et partons en vadrouille dans le village. La region est connue pour ses tours, chaque famille a une ou plusieurs tours car il etait courant de se faire la guerre entre familles. Quelques annees avant, c'etait encore une region dirigee par des chefs de bandes ou le crime organise etait et ou regnait la loi du plus fort mais ca s'est calme maintenant.

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Nous rencontrons un gars qui nous fait signe de venir chez lui. Apres quelques verres de chacha, l'eau de vie maison que tout georgien distille. Ca chatouille le gosier puis ca brule l'oesophage puis les yeux finissent par pleurer. L'astuce c'est de manger ou boire un truc dans la foulee. Apres quelques verres, on finit par (ou plutot on croit) se comprendre et il nous emmene en haut d'une tour pour admirer la vue sur la ville. Il nous invite le lendemain a venir prendre le ptit dej chez lui. Nous nous presentons chez lui a 8 heures comme il nous demande mais il est tres occupe, en effet, il y a une fete de famille (on a pas compris laquelle) et les hommes vont sacrifier un veau. Je vous passe les details. Puis apres le depecage de la bete, il nous demande de quitter la maison car la fete est reserve aux membres de la famille.

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Dans la rue, nous retrouvons Christian un allemand, Olia une ukrainienne et Sepo un finlandais, rencontres la veille dans la marshrutka nous emmenant a Mestia. Ils vont faire une balade en direction de la frontiere russe (qui est fermee) et nous propose de les accompagner. A la sortie de la ville, nous nous passons devant un poste de police. Apres quelques discussions avec le chef de poste qui nous a stoppe, nous devons absolument etre accompagne d'un policier (et oui, la region n'est pas encore tres sure). Apres 100m, nous passons devant le poste des gardes frontieres qui controlent nos passeports et nous signalent qu'on ne peut pas aller plus loin que 2 kms car des exercices sont en cours. Apres avoir marche jusqu'a la distance annonce, le policier nous accompagnant nous fait signe de s'arreter et de faire demi-tour. Nous profitons d'un arret pour faire quelques photos et le policier nous prete son arme (en aillant virer le chargeur avant). wink

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Au retour dans Mestia, nous decidons de nous enfoncer encore plus en Svanetie, pour aller dans le village d'Ushguli. Grace a l'aide d'Olia qui parle russe, nous apprenons qu'une marshrukta quitte Mestia pour Ushguli le soir meme. Ce trajet sera vraiment epique, je vous le raconterai la prochaine fois avec photo a l'appui! wink

Ushguli, toujours plus haut

Nous voici donc montes dans la marshrutka pour rejoindre Ushguli, connu pour etre le village habite le plus haut d'Europe. La marshrutka est en fait un minibus 4x4 russe typique dans la region car c'est rustique mais ca passe partout. On se retrouve donc : l'ukrainienne, le finlandais, l'allemand, l'Israelien Uri, l'espagnol Jose, moi ainsi que 3 georgiens et une femme avec son bebe... ah! et puis le chauffeur! smile Apres un peu d'attente, on demarre mais avant d'atteindre la fin du village, un des georgiens s'exclame: "Piva, chacha!". Il a du oublier de faire ses courses, en tous cas, on s'arrete a l'epicerie pour qu'il puisse acheter ca.

La route, enfin, c'est un chemin de terre et il a pas mal plu ces derniers temps, est tres gras mais aucun probleme. La premiere etape est le passage d'un col a 3000m. Pour feter ca, on s'arrete a la croix du col, on remercie Dieu, on benit la bouteille de chacha achetee avant de partir et tout le monde boit. Apres plusieurs tournees de chacha, il est temps de repartir un peu plus gais qu'avant. smile Et les georgiens commencent a chanter dans le bus, il y a une bonne ambiance. Apres 45 minutes de route, on s'arrete a une autre croix et on refait une priere a la croix puis il est temps de boire. Notre chauffeur etant raisonnable, apres 2 tournees de chacha ne boit que de la biere. A 6, on a descendu 1 litre de chacha qui doit titrer a 60 degres. Autant dire que la tete commence a tourner, heureusement la conduite est impeccable et pourtant ca glisse dans tous les sens mais la main de maitre du chauffeur rattrape ca brillamment (oui, car l'autre main est souvent prise par son telephone portable ou une cigarette) sans parler des frayeurs quand on longe les ravins, des eboulis sur la route ou des traversees de rivieres. Apres quelques autres arrets aux lieux saints, nous arrivons enfin a Ushguli. Bilan de cette epopee : 1,5 litres de chacha pour nous et 2 litres de biere pour le chauffeur, un peu plus de 3 heures pour 40 kilometres de parcours. Mais vu la route, il vaut peut etre mieux avoir bu pour ne pas se rendre compte de tous les dangers wink

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La nuit est la, heureusement, tout est prevu et nous sommes accueilli dans une maison d'hote et la table est mise! Un regal, le tout arrose de vin (oui, encore de l'alcool)! Apres le repas, autant dire personne n'a traine et nous sommes partis nous coucher. Pas d'electricite dans les chambres et pas d'eau courante, les chiottes sont poses directement sur un torrent smile

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Le lendemain, nous partons nous balader dans l'ensemble de villages qui composent Ushguli. Les animaux trainent en liberte dans les rues et avec la pluie de ces derniers jours, les rues sont plutot un melange compose de boue et de merdes. Les habitants ayant l'habitude ne se promenent de toute facon qu'en bottes de caoutchoux. Mais le village est franchement chouette, cerne par les montagnes.

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Le lendemain, nous decidons avec Uri et Jose d'aller faire une randonnee jusqu'au glacier. Ca va nous prendre la journee, il y a encore enormement de neige mais nous finirons par y arriver non sans probleme. En effet, j'ai glisse sur une pierre dans un torrent, heureusement, j'ai eu le reflexe de lever le bras pour sauver mon appareil photo mais le pantalon, les chaussettes et les chaussures sont trempes. :( Mais ce fut une excellente randonnee quand meme smile

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Puis nous reprenons la marshrtuka le lendemain matin pour redescendre a Mestia. C'est toujours le meme chauffeur mais cette fois-ci on s'arrete plus pour boire. Faut pas deconner, la chacha le matin... quoiqu'avec les georgiens, la chacha c'est aussi au petit dejeuner, je vous raconterai ca plus tard wink Puis on retourne a Zugdidi prendre un train de nuit qui nous ramenera a Tbilissi.

Beaucoup de photos pour cet article, mais je crois que ca en valait la peine!

Vardzia, bis repetita

De retour d'Ushguli, on avait pris la decision avec Jose de prendre un vol dans les jours qui viennent pour Baku en Azerbaidjan vu que la lettre d'invitation etait chere et long a avoir. Puis en lisant le guide, une place en Georgie nous a attire et nous avons decide le lendemain d'annuler le vol et partir a l'exploration de ce lieu : Vardzia. Il s'agit d'une cite troglodyte ou plutot un monastere qui etait a l'origine peuple de 2000 moines jusqu'a la destruction partielle par un tremblement de terre. La vie etant bien faite, le matin de partir, Jose croise dans l'auberge de jeunesse un gars qui etait a Vardzia quelques jours avant et connait une adresse sympa pour dormir!

Apres 5 ou 6 heures de route (plus ou moins bonne) de marshrutka, nous arrivons a destination. L'endroit ou nous dormons est rustique mais bien sympa, il s'agit d'une petite maison (sans eau courante) avec une etable et quelques animaux. Elle est tenue par un couple age plutot sympa meme si pour communiquer on a un peu de mal (vu que notre russe est tres tres limite). Apres un bon repas simple mais avec une table bien garnie en legumes, et bien arrose, nous allons nous coucher. La nuit est bien froide, les 2 couvertures ne sont pas de trop!

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Le matin, on commence la journee par le petit dejeuner! Enfin presque, ici on commence par boire un verre de chacha puis on peut commencer a manger. Je dois dire, au reveil, c'est violent et je recommencerai pas ca (enfin si, mais bon...). Encore quelques verres de chacha durant le repas et nous voila d'attaque pour la journee. Pour rejoindre la cite trglodyte, il y a une petite marche de 2 kilometres et ca sera pas de trop pour essayer de retrouver un esprit clair!

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Le monastere troglodyte est assez sympa, y'a aucun touriste, on peut se balader un peu partout. Il reste encore 5-6 moines qui vivent en permanence ici. Nous nous amusons avec Jose a tout explorer et nous trouvons un long tunnel (une centaine de metre) dans la roche qui relie une salle a l'etage a l'eglise. C'est vraiment bien fun de se balader la dedans.

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Nous rentrons pour le repas du midi, toujours aussi bon et toujours bien arrose mais cette fois-ci on tourne au vin, car la chacha ca tape vraiment trop. L'apres-midi, nous allons explorer un autre monastere pas tres loin mais qui etait reserve au femmes. Plutot impressionnant, il est perche dans la roche a une sacre hauteur. Au pied de la falaise, il y a pas mal de serpent dans l'herbe qui profitent du soleil, on a du en croiser 4 ou 5. Pour grimper la haut, c'est une succession de tunnels, d'echelles dans la roche, et chaque nouvelle epreuve apporte son lot de satisfaction pour les explorateurs en herbe que nous sommes (oui, oui, comme des gamins) smile C'est parfois dangereux, il n'y a aucune protection car en fait tres peu de touristes savent qu'il existe.

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Le soir, encore un bon repas bien rustique et naturel, et des toasts a tout va encore! Le matin, on ne peut pas echapper a la chacha. Le retour vers Tbilisi en marshrutka a ete assez vite passe, on a dormi!

Arrives dans l'apres-midi a Tbilissi, Jose a pris son billet d'avion pour le lendemain matin et comme le soir meme, un important match de foot avait lieu en Espagne, il a prefere partir prendre un hotel (avec TV) a cote de l'aeroport. J'ai decide finalement de rester en Georgie, avec quelques points a eclaircir...

Le soir de mon retour, je retrouve Annelie qui apres mon recit sur Vardzia, aimerait y aller aussi et elle a les 3 prochains jours de libre. Allez, ce coin est bien chouette, on reprend la route pour Vardzia le lendemain matin. Mais atout appreciable, Annelie vivant en Georgie depuis 8 mois, elle parle georgien. On retourne chez le couple et on peut enfin discuter et comprendre tous les toasts a porter smile

La premiere partie de mon voyage est presque finie et j'en suis encore a raconter la Georgie et il en reste des aventures a raconter sur ce magnifique pays!

Tbilisi Open Air festival

A peine arrive de Vardzia avec Annelie, on apprend qu'il y a un festival a Tbilissi le soir meme et ce durant tout le weekend (on est samedi). On retrouve un groupe d'amis a elle qui sont en majeure partie des expats travaillant pour differentes ONG suite a la guerre l'ete dernier avec la Russie. C'etait vraiment sympa, et on a retrouve Uri l'israelien avec qui j'etais alle a Ushguli.

Durant ce festival, je rencontre Emanuel, prof d'allemand a Tbilissi pour un an et il heberge des voyageurs gratuitement chez lui via un site appele couchsurfing.com. Le principe du site est de proposer des hebergements partout dans le monde gratuitement au voyageur.

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Un bon voyageur ne doit pas se produire, s'affirmer, s'expliquer, mais se taire, écouter et comprendre.

Paul Morand
Textes et photos sous licence CC BY-SA 4.0 License CC BU-SA 4.0