24 avril, date commémorative du génocide des Arméniens

C'est le 23 avril, je suis toujours a Erevan apres plus d'une semaine. J'ai recupere mon visa pour le kazakhstan, je vais enfin pouvoir quitter Erevan et continuer mon periple mais je tenais a etre present pour le 24 avril.

En effet, le 24 avril est la date commémorative du génocide des Arméniens. Je ne vais pas vous faire un cours d'histoire, vous trouverz tous les details sur la page Wikipedia. J'y vais avec Awet et un couple d'amis belges a lui. Il y a un monde fou, et chacun vient avec des fleurs. La foule se deplace dans un calme absolu et solennel, c'est assez impressionnant. Il nous faudra 2-3 heures pour arriver au monument du genocide et deposer la fleur. Cela fait un mur de fleurs, imaginez des millions de fleurs!

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Le soir, on se fait un concert avec des artistes issus de la diaspora armenienne mais chose etrange, personne n'applaudit apres chaque artiste car en Armenie, le 24 avril, on n'affiche pas sa joie.

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Alaverdi, derniere etape en Armenie

Allez, derniere partie de l'Armenie avant de passer a un nouveau pays riche en paysages, aventures et rencontres...

Le lendemain du jour de commemoration du genocide, Awet et ses amis belges prenaient l'avion pour rentrer chez eux, l'auberge de jeunesse est aussi vide, il est temps pour moi de partir vers le Nord pour rejoindre la Georgie. J'aurai passe pas loin de 10 jours a Erevan, mais ca fait du bien de temps en temps de se poser dans un endroit, de ne pas se poser la question de savoir ou dormir le soir et aussi de se balader dans une ville qu'on connait. Mais, la, je ressens le besoin de repartir meme si c'est bizarre de se retrouver seul. Je prends donc une marshrutka pour aller a Alaverdi a 50 kilometres de la frontiere georgienne. Ce coin est connu pour avoir plusieurs monasteres classes au patrimoine de l'UNESCO. Le temps est a la pluie, il me faut quelques heures pour rejoindre ma destination. Une fois arrive, je commence a remonter la rue principale quand une voiture arrivant assez vite roule dans une grosse qui fait une grosse gerbe d'eau quelques metres devant moi. Raah le con! 30 secondes plus tard, la voiture fait demi-tour et le conducteur, un jeune, m'interpelle par la vitre. Il parle anglais et s'excuse pour la flotte et me dit de monter. Il me demande ce que je fais et s'il peut m'emmener quelque part. Je lui montre l'adresse et nous voila parti. On discute pas mal, il s'appelle Mamicon et a une petite boite de service informatique. Une fois, mon sac depose dans a l'hotel, il se propose de m'amener a un monastere pas loin et de me servir de guide les prochains jours. Dommage pour le monastere, on est arrive trop tard, la porte est fermee. :(

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Le lendemain matin, il me dit qu'il doit d'abord installer les ordinateurs d'un cybercafe dans le village et me demande si je veux venir! Bien sur smile En fait, nous avons passe une bonne partie de la journee a tout installer, avec pas mal de problemes a resoudre. Je les ai plutot bien aide sur ce coup la, et pour nous remercier, le patron nous a invite chez lui a manger. C'etait franchement sympa et super bon, mais on a aussi beaucoup bu. Ici tout le monde fait soit-meme son alcool et ca titre bien sur fort en degres. Apres ce repas bien arrose, nous voila parti tous ensemble au monastere de la veille, dans le Lada Niva du patron. Puis, nous nous arretons chez Mamicon et sa mere ne laissera pas repartir les mains vides : un sac avec deux enormes pots de confiture maison.

Le patron, un ami et Mamicon qui se marre
Le patron, un ami et Mamicon qui se marre

Le lendemain, Mamicon doit retourner le matin a l'universite a 30 kilometres de la et me demande si je veux l'accompagner. Pourquoi pas! J'ai passe quelques temps avec ses amis a la cafet', il a passe son exam, mais je ne suis pas sur d'avoir compris car il s'agissait juste de payer en fait... alors corruption ou pas, je sais pas trop, mais apparemment ca depend des profs. Apres ca, on est rentre a Alaverdi en bus. Puis, on a pris la voiture des parents pour aller voir les autres monasteres.

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Le soir, nous repassons dans un autre cybercafe dont s'occupe Mamicon. On bricole un PC quand un gars rentre et Mamicon me dit : "ah tiens, un autre touriste". Et oui, il s'agit d'un espagnol/basque qui s'appelle Jose (Joseba en basque). On discute un peu et lui aussi prevoit de rejoindre la Georgie le lendemain. On se donne rendez-vous pour passer la frontiere ensemble. Apres une bonne nuit de sommeil, on se retrouve comme prevu pour attraper une marshrutka qui va jusqu'a la frontiere. Apres une heure d'attente, en voila enfin une! Le passage de la frontiere avec mon nouveau compagnon se passe sans trop de probleme si ce n'est le probleme recurrent avec mon 'vieux' passeport qui fait chier a chaque fois. En fait, c'est un tres vieux modele et rien n'est standard dessus... En 3 marshrutka, nous avons finalement rejoint Tbilissi, la capitale georgienne smile

Pfiou, enfin en Georgie! Mais qu'est-ce qu'il s'en est passe des choses ici... beaucoup de recits en perspective.

Tbilissi

Nous voici donc arrive avec Jose en Georgie. Nous posons nos sacs dans une pseudo auberge de jeunesse / guesthouse, c'est en fait, le rendez-vous de tous les routards. Imaginez un appartement tenu par une vieille dame, avec 4 chambres remplies de lits superposes smile Elle nous raconte qu'en ete, il arrive qu'elle accueille plus de 60 personnes, les gens dormant un peu partout, dehors sur la terrasse, etc. En tous cas, c'est le lieu ideal pour rencontrer du monde.

Premiere journee a Tbilissi, on deambule dans la ville un peu au hasard des rues pour en apprecier le charme. En fait, ca commence par l'avenue principale qui est bloquee par les manifestants en opposition au pouvoir. Il y a des dizaines de tentes et des banderolles un peu partout.

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Puis nous poursuivons par la vieille ville, la transition est assez choquante en fait. A quelques pas du centre, on se retrouve avec des vieilles maisons en bois ou en ruines mais c'est vraiment charmant.

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Et nous abordons la montee au chateau qui offre une superbe vue sur la ville et qui permet d'apercevoir la nouvelle cathedrale qui est l'une des plus grande au monde et est facilement reconnaissable avec son toit dore.

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Le soir, nous rencontrons dans l'auberge de jeunesse, David, un anglais avec un accent terrible si bien que personne le comprend quand il parle et je retrouve Graham un autre anglais que j'avais deja croise a Erevan. Je passe un coup de fil a Annelie, l'allemande que j'avais rencontre a Erevan, et elle se joint a nous durant la soiree. Durant notre decouverte de la gastronomie georgienne dans un restaurant, nous decidons de partir le lendemain pour Kazbegi, une ville situee dans les montagnes a la frontiere de la Russie.

David l'anglais, Graham, moi et Annelie
David l'anglais, Graham, moi et Annelie

En rentrant a l'auberge, Jose retrouve un slovaque qu'il a croise en Armenie et lui propose de se joindre a nous pour Kazbegi et il est partant. Nous voici donc une equipe de 5 : - Annelie - David l'anglais - Karol le slovaque - Jose - moi

Kazbegi, au pied du mont Kazbek

Le matin, on se retrouve tous a la gare routiere pour rejoindre Kazbegi. Finalement, plutot que prendre une marshrukta (minibus), on reussit a negocier un taxi a 5, le prix est plus interessant. On est donc entasse a 4 derriere dans une vieille Volga (les voitures russes) et la route defile. On demande au chauffeur de s'arreter en cours de route aupres d'un beau monastere, Ananuri, et nous prenons quelques photos.

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Puis nous reprenons notre route et entamons la montee du col. L'herbe laisse sa place a une hauteur impressionnante de neige et le goudron finit par disparaitre au profit de la terre et des gravillons. Cette route s'appelle l'autoroute militaire et a ete faite par les russes pour relier la Georgie et la Russie. Elle longe tout le long l'Ossetie du Sud qui est a l'origine de la guerre en Aout entre ces 2 pays. Nous nous arretons de temps en temps pour remettre un peu d'eau dans le radiateur, mais tout se passe sans encombre, le chauffeur connaissant bien la route et ses pieges!

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Apres 2 heures de traversee cahoteuse, nous atteignons enfin le village ou nous resterons 2 nuits. Nous monterons dans un premier temps a l'eglise Gergeti. Nous sommes au pied du grand Caucase avec des monts atteignant les 5000 metres (5047m pour le mont Kazbek), c'est majestueux! Puis nous deciderons de monter plus haut et atteindre le glacier. Apres quelques minutes de marche, nous affronterons une premiere tempete de neige qui durera heureusement 10 minutes puis nous continuerons notre expedition pendant quelques heures. Arrives assez haut, une autre tempete beaucoup plus violente nous fera rebrousser chemin, nos traces disparaissant relativement rapidement. En tous cas, c'etait une superbe randonnee!

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Dans la maison d'hote ou nous sommes, nous croisons 3 israeliens, un couple et un voyageur solitaire, Uri. Le soir, nous nous baladerons dans la petite ville de Kazbegi, ou les animaux, vaches, chiens, cochons vadrouillent paisiblement.

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Pour le retour, vu que nous sommes un groupe de 8 maintenant (nous et les 3 israeliens), nous reussissons a louer un minibus pour revenir. La route du retour se passe sans souci meme si la neige est toujours la. Nous nous arretons dans la ville de Mskheta (prononcer msreta) connue pour ses eglises. Chose surprenante pour nous, plusieurs evenements ont lieu en meme temps : bapteme, mariage, chacun dans un coin de l'eglise.

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Le soir de notre retour, Annelie nous invite tous chez elle. Chacun y va de son coup de main, nous passons une bonne soiree puis nous finissons par un tour de la ville de nuit, vraiment superbe, j'adore Tbilissi!

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Mestia, capitale de la Svanetie

Deux jours apres etre rentres a Tbilissi, Jose et moi preparons notre prochaine expedition : la Svanetie. Uri, l'israelien rencontre quelques jours plus tot a Kazbegi se joint a nous. La Svanetie est considere comme la région habitée la plus élevée d'Europe mais c'est aussi un endroit tres recule, coince entre l'Abkhazie, l'Ossetie du sud et la Russie. C'est a dire, des endroits ou les relations sont assez tendues, cf la guerre entre la Georgie et la Russie en aout dernier. Cette region est tellement difficile d'acces qu'en fait, elle n'a pas trop subi le joug de l'URSS et continue toujours a vivre a son rythme. Pour arriver a Mestia, la capitale, nous prenons un train de nuit jusqu'a Zugdidi (10 heures de train) puis nous enchainons avec une marshrutka sur une route qui varie du bitume a la terre suivant l'humeur et la motivation des personnes responsables de l'entretien des routes.

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Apres 6 heures de trajet en marshrutka, nous arrivons enfin a Mestia. Nous posons nos sacs dans une maison d'hote et partons en vadrouille dans le village. La region est connue pour ses tours, chaque famille a une ou plusieurs tours car il etait courant de se faire la guerre entre familles. Quelques annees avant, c'etait encore une region dirigee par des chefs de bandes ou le crime organise etait et ou regnait la loi du plus fort mais ca s'est calme maintenant.

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Nous rencontrons un gars qui nous fait signe de venir chez lui. Apres quelques verres de chacha, l'eau de vie maison que tout georgien distille. Ca chatouille le gosier puis ca brule l'oesophage puis les yeux finissent par pleurer. L'astuce c'est de manger ou boire un truc dans la foulee. Apres quelques verres, on finit par (ou plutot on croit) se comprendre et il nous emmene en haut d'une tour pour admirer la vue sur la ville. Il nous invite le lendemain a venir prendre le ptit dej chez lui. Nous nous presentons chez lui a 8 heures comme il nous demande mais il est tres occupe, en effet, il y a une fete de famille (on a pas compris laquelle) et les hommes vont sacrifier un veau. Je vous passe les details. Puis apres le depecage de la bete, il nous demande de quitter la maison car la fete est reserve aux membres de la famille.

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Dans la rue, nous retrouvons Christian un allemand, Olia une ukrainienne et Sepo un finlandais, rencontres la veille dans la marshrutka nous emmenant a Mestia. Ils vont faire une balade en direction de la frontiere russe (qui est fermee) et nous propose de les accompagner. A la sortie de la ville, nous nous passons devant un poste de police. Apres quelques discussions avec le chef de poste qui nous a stoppe, nous devons absolument etre accompagne d'un policier (et oui, la region n'est pas encore tres sure). Apres 100m, nous passons devant le poste des gardes frontieres qui controlent nos passeports et nous signalent qu'on ne peut pas aller plus loin que 2 kms car des exercices sont en cours. Apres avoir marche jusqu'a la distance annonce, le policier nous accompagnant nous fait signe de s'arreter et de faire demi-tour. Nous profitons d'un arret pour faire quelques photos et le policier nous prete son arme (en aillant virer le chargeur avant). wink

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Au retour dans Mestia, nous decidons de nous enfoncer encore plus en Svanetie, pour aller dans le village d'Ushguli. Grace a l'aide d'Olia qui parle russe, nous apprenons qu'une marshrukta quitte Mestia pour Ushguli le soir meme. Ce trajet sera vraiment epique, je vous le raconterai la prochaine fois avec photo a l'appui! wink

Qui n'a pas quitté son pays est plein de préjugés

Carlo Goldoni
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